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Et la montagne accoucha d’une souris

Editorial La Presse

L’hostilité à Israël est évidente, elle se manifeste de plus en plus fréquemment, y compris  dans le pays qui le soutient sans réserve, aveuglément ;  le président Biden vient d’en faire les frais, lors de son dernier meeting à Charleston. : une branche de ses supporters, solidaires avec la Palestine, lui ont exprimé leur animosité face au massacre à Gaza. Le voilà donc rattrapé dans sa campagne par les événements du Moyen-Orient. 

A la lumière de la prise de conscience générale dans le monde, du ras-le-bol, des mensonges et autres duplicités, on peut déduire que ce massacre d’innocents, qui a fait plus de 23 000 et quelques centaines de morts et des milliers de blessés, sonne la défaite morale de l’Occident.

Pendant ce temps, le secrétaire d’Etat et envoyé au Moyen-Orient, Antony Blinken, fait la Une de tous les médias. Tambour battant, il revient pour la quatrième fois  sur le pont, pour  voir si le bateau a pris beaucoup d’eau. Il est en tournée à la recherche d’une solution : son but avéré est d’éviter l’extension du conflit. Dans sa besace, il porte le projet de reconstruire Gaza, de régler le conflit, de donner le pouvoir aux Palestiniens et de faire baisser les tensions dans la région. Est-ce réalisable ? 

Dès son arrivée, de mauvaises surprises l’attendent : deux journalistes palestiniens sont tués dans une attaque sur Gaza, Reporters sans frontières  accuse Israël de ciblage des journalistes, 79 d’entre eux sont tués depuis le début de l’invasion (en grande partie des Palestiniens). Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) déclare que les crimes contre les journalistes étaient inclus dans son enquête sur des crimes de guerre à Gaza, où plusieurs dizaines de journalistes ont été tués.

Sur ce volet, la déclaration de Waël Dahdouh, le chef du bureau de la chaîne Al Jazeera, est déchirante, elle résume la situation des journalistes en place : «  Alors que nous sommes pleins d’humanité, eux (Israël) sont remplis d’une haine meurtrière. (…) C’est également injuste pour les journalistes que nous sommes. » Le dernier hôpital de Gaza a été bombardé, le personnel soignant,  les patients et  les  48 employés de Médecins sans frontières ont tous quitté le bâtiment.

Plus loin, un commandant du Hezbollah est tué à Beyrouth ; sur le front de la Cisjordanie, la tension monte de plusieurs crans; à Hébron, les intimidations et les attaques se multiplient. Profitant de la guerre, les colons israéliens patrouillent en uniformes militaires,  leur objectif est de faciliter l’annexion de la Cisjordanie à l’avenir. De Bethléem, le pasteur Munther, qui prêche depuis le début de la guerre un cessez-le feu, lance un cri  : «Gaza est la boussole morale du monde», et dénonce « le silence » des églises occidentales. Tous ces faits sont accompagnés par des déclarations belliqueuses de hauts responsables israéliens. C’est assez pour mettre l’émissaire Blinken dans l’embarras.

La dernière étape du périple est  Tel-Aviv, sur lequel le monde  a les yeux rivés pour savoir les résultats de Blinken ; la déclaration finale  de ce dernier laisse coi : «  Israël doit épargner les civils à Gaza(…) Plus de nourriture, plus  d’eau, plus de médicaments… à Gaza… ». Un périple, des espoirs pour réclamer ça ! Autant dire que la montagne a accouché d’une souris.

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